Un « sentiment d’incommensurable », voilà ce que je cherche à retrouver dans ma démarche d’artiste. C’est ce qui me pousse et me motive à créer. Je cherche à retrouver cette sensation durant tout le processus de création : à partir de l’idée, et pendant toute la durée du déploiement de l’œuvre. Dans mon cas, le processus est généralement long et obsédant, proche d’un état méditatif. Le corps est entièrement impliqué dans le geste, le temps n’existe plus, le mental n’est plus maître sur le corps. 

 

Par « ces moments incommensurables », je pense à ces moments dans la vie, hors du temps, où l’on touche un état de grâce qui nous transporte dans un état où le corps ne fait plus qu’un avec lui-même et ce qui l’entoure.

Ces instants rares et précieux, il m’arrive de les retrouver devant une œuvre d’art et/ou un paysage. Ils nous lient à l’univers, ils nous rappellent notre petitesse et notre interconnexion avec le vivant qui nous entoure.

 

Ma démarche de création tend à combiner les infinies possibilités plastiques que  montre la nature, avec les possibilités plastiques du support que j’utilise, le papier souvent, la terre parfois.

Au final, ce qui est montré à voir, c’est un pont entre la nature et le papier, un point d’intersection où les deux se rencontrent. Le papier, avec sa fragilité, sa souplesse, sa porosité, se transforme en végétal, de plat il devient relief. La feuille (papier) qui va s’enrouler sur elle même, se laisser tomber, se redresser (comme le ferait la feuille d’un arbre), en fonction de l’atmosphère ( humidité, sécheresse), de l’endroit où elle se trouve.

 

Dans mes dernières séries de « dessins sculptés »,  la nature est donc  visiblement présente. Je ne cherche pas à la représenter ni à la copier. Je m’efforce plutôt, à présenter, à partager avec vous ce sentiment que la nature m’inspire. De transmettre cet instant qui me saisit et m’amène à ce sentiment de paix et de grandeur, en dehors du mental, dans un état contemplatif, de paix et de tranquillité.